Scénario, images et réalisation : Isaac ISITAN
Production : ISCA Inc.
65 mn, 2003
Alternatives | FinanceOn dit que c’est l’argent qui mène le monde. Mais d’où vient l’argent ? Comment est-il créé ? Qui le contrôle ? Comment vient-il à manquer ?
Tourné en Argentine et en Turquie au moment où ces pays traversent la plus grave crise financière de leur histoire, le film remonte aux sources de la crise et
montre aussi ce qu’il advient lorsque les citoyens eux-mêmes décident de réinventer la monnaie pour survivre ou pour soutenir et développer les échanges locaux, ce qui peut se produire aussi dans un pays riche comme les États-Unis.
2001, dans les rues d’Argentine, des millions de personnes manifestent au rythme des cuillères frappant les casseroles vides, los cacerolazos. C’est la famine, la misère, la crise économique. Les banques étrangères fuient (dont la Banque Scotia, du Canada). Les comptes des épargnants sont bloqués. Les institutions financières ferment. En Turquie, même situation, des désespérés s’immolent par le feu devant les portes cadenassées des établissements bancaires. La directrice de l’école Beatriz, à Quilmes, s’interroge : « Le peuple argentin est riche avec ses terres fertiles. Nous avons assez d’eau potable ici pour abreuver la planète entière. Vous n’avez qu’à rouler à 50 km pour trouver des vaches, des terres où l’on cultive du blé, du riz, des pommes de terre. Comment un pays aussi riche, qui n’a pas connu la guerre comme en Afghanistan, qui n’est pas non plus un pays minuscule comme l’Équateur, peut-il souffrir ainsi de la faim ? »
Dans une enquête passionnante, racontée à la première personne, le réalisateur démontre comment les programmes d’ajustement structurel imposés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont anéanti l’économie de ces pays, les obligeant à céder leurs marchés nationaux et à couper dans les services sociaux pour payer leurs dettes. « La Turquie était un des sept pays autosuffisants de la planète. Aujourd’hui, après les interventions du FMI et de la BM, elle ne peut nourrir que 40% de sa population. Est-ce qu’on peut appeler cela du progrès ? », constate un cultivateur turc.
Emprisonnés dans une spirale d’endettement, l’Argentine et la Turquie se sont vidés de leurs ressources financières. Or la monnaie est le sang de l’économie, le moteur de l’échange. Privés de liquidités, les citoyens argentins ont donc réinventé l’argent.
Mais le phénomène ne se limite pas aux pays en crise. Il existe ainsi dans le monde plus de 3000 réseaux d’échange de produits et de services utilisant une monnaie dite locale. Prenant comme terrain d’investigation les réseaux de troc en Argentine mais aussi l’expérience de la ville d’Ithaca (New York), le réalisateur fait ressortir l’impact formidable des monnaies locales sur les économies locales à l’heure où les capitaux traversent si facilement les frontières.
Isaac Isitan a voulu comprendre les propos du fondateur de Ford Motors, lors de la grande dépression de 1929 : « Si les gens de cette nation (les États-Unis) comprenaient notre système bancaire et monétaire, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin ».
Avec les interventions de Michel CHOSSUDOWSKI, Claudio KATZ, Erinc YELDAN, Patrick VIVERET et Bernard MARIS
Prix du public aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal.
Nominé à Hot Docs pour meilleur documentaire canadien et meilleure réalisation.
Rendez-vous du cinéma québécois
Kinoglaz, Tver, Russie
Global Vision, Edmonton, Canada
St-John’s Film Festival, Terre-Neuve, Canada
Festival du documentaire de Copenhague, Danemark
Muestradoc, Colombie
Festival Résistances, Foix, France
Scénario, images et réalisation : Isaac ISITAN
Images : Tolga KUTLUAY, Michel DESROCHES, Kerem SALTUL
Prise de son : Pierre-Paul MARTIN
Texte et montage : Carole POLIQUIN
Montage : Isabelle MASSICOTTE, Diego BRICENO-ORDUZ
Production : ISCA Inc.
Réseau d’information et de solidarité avec l’Amérique Latine (RISAL)
Systèmes d’échanges locaux