En juillet 1997, le site “Moulinex” de Mamers dans la Sarthe ferme ses portes. Nicole, Pascale, Josiane, Maurice et Dominique ont tous travaillé plus de 20 ans dans l’usine. Du jour au lendemain tout bascule. Les uns et les autres doivent faire face à des situations qu’ils ne connaissent pas : chômage, reclassement, mutation. Leur innocence est de force. Dans leurs nouveaux parcours, tous les cinq ont des exigences, ils refusent les “On ne peut rien faire” et tentent de protéger leurs conceptions du travail face à ce monde désormais régi par des impératifs financiers.
Pendant deux ans, les réalisateurs ont suivi Maurice, Dominique, Pascale, Nicole et Josiane dans leur parcours de réinsertion. Le film dessine en creux un paysage économique caractérisé par la flexibilité, la mobilité et la précarité, où la condition ouvrière ne cesse de se dégrader.
Dominique, qui a dû prendre un deuxième appartement à Mayenne (sa fille est restée à Mamers), n’arrive plus à payer ses factures. Pour lui venir en aide, l’adjoint au maire de Mamers débloque une aide d’urgence de 1 000 F avant de conclure l’entretien par un “Aide-toi et la mairie t’aidera”.
Maurice prend pour sa part conscience du fossé entre son expérience et les exigences des employeurs : “À l’époque où j’allais à l’école, le BTS n’existait pas !”, s’exaspère-t-il. Il finit par trouver un poste de chef d’équipe, mais refuse de signer le contrat quand on le lui présente : certaines promesses faites lors de l’entretien n’y figurent pas. Pour Maurice, c’est un scandale. Selon sa conseillère ANPE, il aurait dû se montrer plus “souple”…
Nicole, Josiane et Pascale (qui désormais cherchent un emploi) ne
maîtrisent pas non plus les nouvelles règles du marché du travail. Pour leur premier entretien, elles ne s’attendent pas à ce que l’agent recruteur les interroge plus sur leur caractère et leur vie personnelle que sur leur aptitudes. Mais elles comprennent vite qu’elles devront faire preuve de souplesse et de flexibilité (horaires décalés et cadences infernales)... La candidature de Pascale n’est pas retenue. Lorsqu’elle s’enquiert des motifs, le responsable bredouille : “On peut pas toujours donner des explications rationnelles”...
FICHE TECHNIQUE
Auteur-réalisateur : Raphaël GIRARDOT, Laurent SALTERS, Marie-Pierre BRÊTAS
Coproduction Iskra, La Sept Arte, Yumi Productions avec France 3 Ouest,
avec la participation du Centre National de la Cinématographie, du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité et de la Région Pays de La Loire