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POUR QUELQUES GRAINS D’OR

Un film de David BRIFFAUD et Fabien MAZZOCCO
Production : Lilith Production

52 mn, 2009

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La France produit et exporte du maïs. En été, cette culture consomme jusqu’à 80% des réserves d’eau et assèche les rivières. Les réserves de substitutions qui prélèvent l’eau l’hiver sont-elles une solution ? N’y a-t-il pas d’alternative à cette culture et à cette agriculture intensive ?
À travers le portrait de deux agriculteurs, l’un, céréalier en Vendée en GAEC à quatre associés sur 500 hectares dont 120 de maïs irrigué, l’autre en Charente-Maritime reconvertissant 140 hectares en polyculture et élevage bio, ce film pose le problème de la politique agricole du "tout maïs" et de ses conséquences économiques et écologiques.

PRÉSENTATION DU FILM

La rivière du Mignon, en Charente-Maritime, est asséchée : une situation qui est devenue chronique à cause des prélèvements opérés pour arroser le maïs au détriment du milieu naturel.
Le maïs est cultivé depuis le 15e siècle en France, en Aquitaine et en Alsace. Les maïs hybrides ont permis d’étendre ces cultures à d’autres zones. La culture du maïs est destinée à l’alimentation des animaux d’élevage. LA PAC en 1992 a mis en place des primes à l’hectare, en particulier pour les cultures irriguées. Or, l’irrigation en été consomme 80% des ressources en eau et, en France, ce sont la moitié des zones humides qui ont été asséchées en 30 ans. La culture du maïs contribue aussi au lessivage des terres et à la pollution des rivières par les intrants.
En octobre 2000, la Directive Cadre Européenne sur l’eau impose à la France de retrouver un "bon état des eaux et des milieux aquatiques" d’ici 2015.
Si l’eau vient à manquer l’été, on peut la récupérer l’hiver : l’eau est partout et pour tout le monde, et la crue dérange. La solution consiste alors à construire des bassins pour les réserves de substitution avec l’eau prélevée en hiver.
En 2008, la crise de l’ostréiculture révèle la mauvaise santé des eaux. Le 31 janvier 2008, l’Europe a condamné la France pour violation répétée de la réglementation sur la qualité des eaux potables dans trois départements : les Deux-Sèvres, la Vendée et la Charente-Maritime. Pourtant la logique d’agriculture intensive n’est pas stoppée. Les subventions pour les réserves d’eau alimentent la course au stockage de l’eau et "l’artificialisation" du milieu, alors que le financement à 70% des réserves d’eau de substitution pour maintenir la culture du maïs crée une dette pour 20 ans !
Face au problème, la résistance citoyenne s’organise et certains agriculteurs en sont partie prenante. Le sorgho, la luzerne peuvent être utilisés pour l’élevage, mais ces cultures ne sont pas favorisées car le poids du lobby "Monsanto," dont l’activité est exclusivement tournée vers le maïs, est très fort. Les céréales sont cotées en bourse et souvent destinées à l’exportation.Les règles sont définies au plan mondial avec une démarche de spécialisation des zones de production. C’est ainsi que les céréales se croisent (exportation de maïs et importation de soja, par exemple).
Il y a actuellement 6,7 milliards de personnes sur la planète et en repensant les systèmes de production (conversion en agriculture bio notamment), on pourrait en nourrir 9 milliards (Source : FAO). Hélas, aucune mesure n’est prise pour renverser la situation : le maïs passe pour assurer le meilleur revenu et explique le choix que font les agriculteurs, les aides allant prioritairement aux cultures irriguées et à la constitution de réserves d’eau.

Avec une sensibilité certaine à la beauté de la nature, ce documentaire révèle les contradictions que doit affronter le monde agricole et dégage avec clarté les enjeux majeurs.

Avec la participation de :
Claude Poitiers, agriculteur céréalier en Vendée, en GAEC à 4 associés, sur 500 hectares dont 120 de maïs irrigué.
Julien le Guet, animateur nature batelier dans le Marais Poitevin
Marc Benoît, agronome, directeur de recherche à l’INRA
Benoît Biteau , agriculteur en Charente-Maritime, en reconversion en polyculture et élevage biologique sur 140 hectares.
Luc Servant, Président de la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime.
Patrick Picaud et Claude Matard, Association Nature Environnement 17 (La Laigne)
Michel Bertin, ostréiculteur, Bassin de Marennes d’Oléron.
Michel Barnier, ministre de l’Agriculture
Christine Dumont, habitante du Marais Poitevin
François-Marie Pellerin, Ingénieur géologue - CORDE Marais Poitevin
Michel Barnier, Ministre de l’agriculture

La culture du maïs vaut-elle le prix à payer en termes d’épuisement des ressources en eau et de pollution ? Certains, qu’ils soient agriculteurs, citoyens ou associations, doutent que les solutions proposées soient les bonnes dès que la logique productiviste n’est pas remise en cause.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : David BRIFFAUT et Fabien MAZZOCCO
Image et son : David BRIFFAUT et Fabien MAZZOCCO
Commentaire : Lucie BONNET
Montage : Fabien MAZZOCCO
Mixage : Christophe BAUDRY, Showtime Films
Étalonnage : Grégory MAITRE, Showtime Films
Musiques originales : Jérémei SORIN, Amande CAPLANNE, Benjamin GERBY, Othélo RAVE, Amata KAOPHILA, Anaël SERGENT, Marion FRAIKIN, Antoine BRUNET, Simon TAPIN.
Production : LILITH Production
GIE Grand Ouest Régie Télévisions
CANAL 15 La Roche sur Yon
TÉLÉ SUD Vendée

Commentaires

(2 commentaires)
  • Le 7 décembre 2009 à 23h53, par Webmaster

    Ce documentaire a le mérite de poser le problème du devenir de l’agriculture.

    Sa première qualité, c’est bien sûr de dénoncer le scandale de l’irrigation à outrance. J’ai dans mon département un exemple frappant : il s’agit du Val d’Allier dans la partie la plus sèche, grosso modo entre Varennes-sur-Allier, Saint-Pourcain-sur-Sioul et Moulins, voire le début de la Nièvre. C’est un sol sablonneux, l’ancien lit de la rivière Allier, qui ne convient pas du tout à la culture de maïs. Mais il n’y a pas si longtemps, 20 ans environ, c’étaient des prairies où l’on engraissait des bœufs. Depuis la PAC (1991), tous ces territoires ont été semés en maïs, le sol n’est qu’un support où ces "agriculteurs" amènent tout, de l’engrais à l’eau. Pire, ces cultures sont justes à côté des captages d ’eau pour Moulins et toutes les agglomérations voisines : sept communes ont déjà une eau polluée.

    Ce qui me fait rager, c’est de voir ces pivots tourner toute la journée, y compris l’été, entre 12 heures et 17 heures, au moment de la plus forte évaporation. Pas un quart de l’eau ainsi jetée en l’air ne retombe par terre : happée par la forte chaleur, se transformant instantanément en vapeur, le peu qui arrive sur le sol chaud traverse le sable, incapable de retenir cette eau. Mais voilà, un hectare irrigué permet de toucher 150 à 200 € de prime de plus qu’une culture sèche, et c’est pourquoi les éleveurs en ont été évincés.

    Sur notre exploitation, je sème pour mes vaches entre 25 et 30 hectares de maïs dans de la terre argileuse, sous paillage à base de film bio et photodégradant, fabriqué avec de la cellulose et de l’amidon. Cela me coûte 200 € de plus à l’hectare ; je suis considéré comme n’importe quel cultivateur en culture sèche, à tel point que mon comptable, la chambre d’agriculture, l’ADSEA, et surtout ma banque, me disent que nous sommes fous, contre-productifs, voués à la faillite (ils n’ont peut-être pas tort !), mais j’ai le sentiment de préserver l’eau que je considère comme le bien de tous. Par contre, sur le terrain, mon maïs fait un rendement correct, voire équivalent à un maïs irrigué. Seulement voilà, je ne suis pas dans le moule ! L’eau sous le paillage remonte du sous-sol (1 à 2 mètres) et retombe en gouttelettes fines qui tiennent ma culture au frais. De plus, le maïs est une plante qui détruit la structure du sol, surtout en irrigation (phénomène de battance qui, à terme, asphyxie le terrain). Cet inconvénient est supprimé par le paillage qui oblige cette plante à descendre très profond. Des coupes de terrain ont été effectuées : nous avons retrouvé des racines à plus d’un mètre cinquante de profondeur. De ce fait, le sol est travaillé et permet une vie bactérienne et microbienne là où elle était impossible. Une fois la culture prélevée, nous semons une couverture végétale en fonction de nos besoins du printemps suivant. Trois avantages à cela : ne pas laisser le sol nu l’hiver, une production fourragère pour nos bêtes en début de printemps, et un apport d’humus (notamment par les racines de la couverture, colza ou ray-grass) quand j’enterre cette couverture avant une nouvelle culture. Mais là encore : pas dans le vent ! Et financièrement, tout faux : à court terme...

    Dernier détail : depuis plus d’an, nous avons abandonné le soja pour le remplacer par du colza produit en Saône-et-Loire, dans l’Ain et dans l’Allier, et par des drêches de brasserie, des drêches de blé ou de maïs. Il devient insupportable de voir le Brésil en particulier, envahi par Monsanto, son environnement ruiné par le soja transgénique et les paysans souffrant de la faim. D’autres solutions sont possibles, j’en parlerai plus loin.

    Tout cela pour dire que j’ai apprécié ce documentaire, évidemment pour le débat qu’il peut provoquer, car dans une grande majorité des cas, voire dans la plupart des cas, c’est l’agriculture familiale qui est détruite. Je parle de ce que je connais : par exemple, en élevage, tous les cas de dopage d’animaux sont le fait de gros exploitants (avec le Clembutérol, la Somatotrophine), jamais d’exploitants familiaux – la somatotrophine est d’ailleurs produite par Monsanto, autorisée - ou plutôt fortement conseillée - aux USA. Une petite coopérative américaine qui voulait vendre du lait certifié sans somatotrophine a été condamnée pour distorsion de concurrence !
    La paysannerie garde son bon sens et, en effet, reste la garante d’une agriculture propre et respectueuse de l’environnement. Les paysans vivent du milieu, dans le milieu, et ils n’ont qu’une envie, le protéger (pour combien de temps encore !). Les autres ne pensent qu’a leur excédent brut d’exploitation, à la rentabilité, à la productivité.

    C’est vrai aussi pour les grandes exploitations dites "bio" qui, si elles ne travaillent pas avec des intrants, détruisent le tissu rural en ne pensant qu’à s’agrandir, c’est-à-dire en supprimant des actifs dans l’agriculture et, par là même, la vie de nos campagnes de la même façon que les autres. Ce ne sont pas des paysans, ce sont avant tout des gestionnaires. C’est pour cela que je suis très prudent en parlant de "bio" en agriculture dans les sphères pensantes de l’hexagone : je pense à Hulot, voire à la tête de liste écolo des élections européennes, personnage acquis à l’ultra-libéralisme, tout comme d’ailleurs José Bové, même si cela peut choquer.

    Je dois dire que la grande majorité des agriculteurs, "bio" avant la charte européenne, l’étaient par vocation et ont réussi un travail étonnant. Ceux de l’Allier font partie de mes amis et j’en suis fier. Depuis, beaucoup de ceux qui s’y sont convertis l’ont fait par calcul, pour obtenir des subventions. Les exemples ne manquent pas où les dérives sont écœurantes. Non, le durable ne peut pas se situer dans la croissance à tout prix. Non, l’ agriculture n’écrira pas les cinquante prochaines années comme les quarante dernières car nous nous serons cassé la figure avant : je parle de l’humanité.

    Le film est également intéressant car il fait intervenir des gens qui ne sont pas de la partie, et c’est important : à la FDSEA 03, nous avons milité pour que les associations de citoyens soient présentes dans les CDOA (Commissions Départementales d’Orientation Agricole). Aujourd’hui tout est remis en cause !

    Dans tous mes rapports d’orientation et mes interventions, je répète qu’il faut sortir le dossier agricole de l’OMC (rien n’est inéluctable) et, comme l’eau, le faire gérer par l’ONU (FAO), avec des pouvoirs renforcés dont la suppression du droit de veto, et avec de réels pouvoirs juridiques : C’EST UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT POUR L’HUMANITÉ. Non, la nourriture, la terre, l’eau, ne sont pas des marchandises au sens commercial du terme. Je parlais du soja plus haut, c’est l’exemple type. D’un côté, on affame des populations, de l’autre, on ruine les paysans français pour nourrir leurs animaux. Les cours du soja sont fixés en bourse à Chicago. Toutes les productions vont subir le même sort. Le ministre de l’agriculture français veut que dorénavant les prix du beurre et de la poudre de lait soient fixés de la même façon en Europe. Nous atteignons la limite d’un système fou où l’argent décide de tout, y compris l’insoutenable. C’est la société marchande dans ce qu’elle a de plus exécrable.

    Le capitalisme ne se conjugue pas avec protection de l’homme et de son environnement !

    Même mensonge avec les agro-carburants : la réponse n’est pas dans la recherche de nouvelles énergies. Une voiture, roulant avec leur "énergie verte", qui parcourt 800 km détruit la nourriture nécessaire à un enfant pour un an ! La réponse est dans la transformation des méthodes de transports. J’avais écrit sur ce déplacement des paysans en Bolivie pour planter des palmiers à huile, là encore pour un profit à court terme, avec les pouvoirs en place affamant la population. De même, quand les États-Unis se sont mis à employer le maïs pour produire des agro-carburants, ils ont fait exploser le prix des tortillas mexicains, base de l’alimentation de ce pays.

    Pourquoi abandonner le rail et le fret SNCF ?
    Pourquoi abandonner le transport fluvial, tout cela au profit de légions de camions de plus en plus gros et polluants ?
    Pourquoi produire à Taïwan, en Chine, ou ailleurs, pour des économies de main d’œuvre et brûler des milliers de litres de fioul pour ramener la marchandise en Europe ?
    Pourquoi la voiture est-elle la reine de la société de consommation, notamment en ville : c’est un pur scandale.

    Des bagnoles de dizaines de milliers d’euros, à côté de gens qui font la manche et crèvent de faim. Cela me donne envie de vomir. Non, ce ne sont pas les formes d’énergie qui sont le problème, même si le pétrole et le nucléaire sont une ignominie en soi. C’est le système qu’il faut revoir de fond en comble.

    Les productions alimentaires de cette planète doivent être produites tant en quantité qu’en qualité, afin que plus aucun être humain ne souffre de la faim (ils sont aujourd’hui plus d’un milliard). L’accès à la nourriture et à l’eau doit être un droit inaliénable, et chaque état dont les citoyens souffrent de la faim doit être poursuivi par un tribunal international au titre de crime contre l’humanité .

    Il faut re-localiser les productions, éviter les transports aussi inutiles, imbéciles, que dangereux, et surtout rendre à chaque pays son droit inaliénable à produire la nourriture de ses habitants.

    L’OMC, comme la PAC au niveau européen, ont d’abord et avant tout comme objectif une concentration des productions, quels que soient les moyens de production, dans des unités de plus en plus importantes, et une spécialisation des bassins à l’échelle des continents. C’est donc un défi monumental à relever, une dérive terrible à combattre, sous peine de vivre des lendemains qui vont à coup sûr pleurer et de voir arriver l’irréparable .

    Je vais arrêter là. Nous paysans, exploitants familiaux, avons besoin de l’engagement des citoyens, et les syndicats comme le nôtre aussi….

    Seuls, nous ne pouvons rien. Ensemble tout est possible, il reste à convaincre !

    Jean Claude Depoil (agriculteur)

    Voir en ligne : http://depoilenpolitique.over-blog.com/

  • Le 4 novembre 2009 à 09h40, par Cécile Fléché

    A propos du maïs irrigué, je peux ajouter : en 1998 j’ai mené une enquête épidémiologique sur la disparition des abeilles en Charente et Charente Maritime. Il en est ressorti une liaison statistiquement significative entre affaiblissement des abeilles et importance des surfaces irriguées autour des ruchers. Ce que l’on peut dire c’est que dans le cas des cultures irriguées il y a une différence dans les traitements pesticides par rapport aux cultures non irriguées. De plus il est possible que l’irrigation modifie les remontées dans la plante, des pesticides systémiques . c’est ce qui a été démontré par le CETIOM sur le tournesol et avec le produit "gaucho". Ainsi le produit est accessible aux abeilles par le nectar et le pollen.
    Si les résultats de cette enquête vous intéresse vous pouvez le trouver sur mon site

    Voir en ligne : http://blanche-fleche.com

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